Escroquerie sentimentale “Brad Pitt” : quand la crédulité devient une faille exploitée par les fraudeurs

Anne, 53 ans, a été victime d’une fraude sentimentale en ligne. Pensant entretenir une relation avec Brad Pitt, elle a subi une escroquerie l’amenant à réaliser des virements bancaires pour un total de 830 000 euros. Cette fraude au virement bancaire illustre la puissance des manœuvres frauduleuses et pose la question du défaut de vigilance de la personne victime d'escroquerie.

Alizée MABILON Avocat Fraude au virement bancaire

7/6/20252 min read

A close up of a person's hand holding a remote control
A close up of a person's hand holding a remote control

Les faits établis

Anne, 53 ans, assistante maternelle dans le sud de la France, pensait vivre une relation unique avec l’acteur Brad Pitt. Tout a commencé en 2018, lorsqu’elle a été contactée via Facebook par un profil prétendant être la star hollywoodienne. Le compte semblait crédible : photos officielles, publications sur sa carrière, interactions simulées avec des fans.

Pendant quatre ans, cet homme a échangé quotidiennement avec Anne. Il lui a promis un mariage et a fait miroiter une vie commune aux États-Unis. Peu à peu, les demandes d’argent se sont multipliées :

  • Frais judiciaires liés à son supposé divorce avec Angelina Jolie ;

  • Déblocage de comptes bancaires ;

  • Frais de transport de “cadeaux précieux” ;

  • Urgences diverses.

La victime a ainsi fait plusieurs dizaines de virements, convaincue d’aider celui qu’elle croyait être son futur époux.

Entre 2018 et 2022, elle a ainsi perdu plus de 830 000 euros, une somme considérable qu’elle n’a aucune chance de récupérer en totalité.

Ces faits semblent relever de l’escroquerie prévue par l’article 313-1 du Code pénal : "L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice, à remettre des fonds.”

En l’espèce, il semble que les faits permettent de considérer qu'il y a eu :

  • Usurpation d’identité manifeste (faux Brad Pitt),

  • Manœuvres élaborées et répétées sur plusieurs années,

  • Préjudice financier extrêmement élevé.

L’infraction est punie de 5 ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende, portés à 7 ans et 750 000 euros si elle est commise en bande organisée.

La question cruciale de la responsabilité de la victime

On peut s’interroger : Anne est-elle responsable d’avoir cru à une telle histoire ?

Le droit pénal protège la victime, même si elle a fait preuve d’une grande crédulité. L’infraction est constituée dès lors que la victime est trompée par des manœuvres frauduleuses, peu importe qu’elle ait manqué de vigilance.

En matière civile, la question est plus complexe :

  • Les virements ont été autorisés volontairement par Anne.

  • En principe, sa banque n’a aucune obligation de rembourser ces sommes, car il ne s’agit pas d’opérations non autorisées au sens du Code monétaire et financier.

La responsabilité personnelle de la victime n’efface pas son statut de victime pénale, mais devrait limiter les possibilités de récupérer les fonds par l’intermédiaire de sa banque.